Adolescence
J’ai aimé la violence, les am-bi-ances glauques,
Les lumières électriques et les sons synthétiques
Quand, dans les performances*, des cochons aux cris rauques,
Poursuivaient des artistes aux démarch’s éthyliques.
Sous les flashs des strombos qui découpaient nos vies
Pendant que la sono lâchait les bétonneuses,
Les clichés sépulcraux de toutes mes envies
Me brûlaient le cerveau en idées griffonneuses.
Quand hurlaient des sirènes en rage sur la piste,
Le bruit des tronçonneuses et l’odeur de l’essence
Achevaient sur la scène les derniers optimistes
En transes allumeuses de mon adolescence.
La vie était ici, les paradis lointains,
Et l’enfer un vain mot puisque dieu était mort.
Les atomes fissi-bles, les amours éteints,
Le froid des chalumeaux étaient mes oxymores.
Aux pigeons écrasés que les corbeaux dépècent,
À ces roses flamants dont les ailes s’arrachent,
Et aux crachats rosés qu’éructe la détresse,
Aux cris des goélands quand certains font naufrage,
J’opposais ma jeunesse en vibrant talisman.
Tout pouvait arriver et rien ne se produire :
La marche de l’ivresse est un grand caïman
Cloué comme une fée sur une broche à cuir.
Les regards et les mots portaient des masques peints,
Et des arêtes rondes griffaient mes aventures ;
D’étranges cachalots devançaient le destin
Et plongeaient aux eaux sombres leurs dernières sutures.
Au fond des lavabos que rougissait le sang
S’évadaient les chimères de rêves que j’aimais :
L’enfance et ses bobos avaient ce goût d’encens
Qu’allumait cette mère qui n’en revint jamais.
Aubépin des Ardrets
__________
* au sens artistique (cf., p. ex., l'article de Wikipédia)
J’ai aimé la violence, les am-bi-ances glauques,
Les lumières électriques et les sons synthétiques
Quand, dans les performances*, des cochons aux cris rauques,
Poursuivaient des artistes aux démarch’s éthyliques.
Sous les flashs des strombos qui découpaient nos vies
Pendant que la sono lâchait les bétonneuses,
Les clichés sépulcraux de toutes mes envies
Me brûlaient le cerveau en idées griffonneuses.
Quand hurlaient des sirènes en rage sur la piste,
Le bruit des tronçonneuses et l’odeur de l’essence
Achevaient sur la scène les derniers optimistes
En transes allumeuses de mon adolescence.
La vie était ici, les paradis lointains,
Et l’enfer un vain mot puisque dieu était mort.
Les atomes fissi-bles, les amours éteints,
Le froid des chalumeaux étaient mes oxymores.
Aux pigeons écrasés que les corbeaux dépècent,
À ces roses flamants dont les ailes s’arrachent,
Et aux crachats rosés qu’éructe la détresse,
Aux cris des goélands quand certains font naufrage,
J’opposais ma jeunesse en vibrant talisman.
Tout pouvait arriver et rien ne se produire :
La marche de l’ivresse est un grand caïman
Cloué comme une fée sur une broche à cuir.
Les regards et les mots portaient des masques peints,
Et des arêtes rondes griffaient mes aventures ;
D’étranges cachalots devançaient le destin
Et plongeaient aux eaux sombres leurs dernières sutures.
Au fond des lavabos que rougissait le sang
S’évadaient les chimères de rêves que j’aimais :
L’enfance et ses bobos avaient ce goût d’encens
Qu’allumait cette mère qui n’en revint jamais.
Aubépin des Ardrets
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* au sens artistique (cf., p. ex., l'article de Wikipédia)
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