Nitty / Enamora, Acte 2
Oui, c’est bien moi qui reviens te sauver, Nitty.
Te sauver de toi-même en dépit de ta rage.
Je n’ai que peu d’espoir et je me donne en gage
Afin que notre monde te voie repenti.
Quelle impudence as-tu Enamora Mayli,
Je sais, tu es bien faite avec un doux visage.
Serait-ce te combler que subir mes outrages ?
Nenni ! De tes appâts moi Nitty j’en fais fi.
L’amour n’est donc pour toi que commerce de chair ?
Mais ce n’est pas ton corps qui m’importe, Nitty,
Je ne veux rien de toi. T’offrir une amnistie
Est ma seule ambition. Je n’ai pas à te plaire.
Pauvre petite fée pétrie de compassion,
Tu veux me rendre bon ? Quel acte de courage !
Vouloir faire de moi un homme bon et sage
M’amuse au plus haut point, vive la contrition !
Tes paroles ne m’effraient point, car je suis prête.
Et c’est sans protection, réserve ni rancune
Que je t’ouvre mon âme et t’offre la fortune.
Celle que tu n’as pas, que tu cherches et regrette.
Ce que tu m’offres là je l’ai déjà connu,
La quiétude d’un sein, la chaleur d’une mère…
Mais ça n’a pas duré, moi j’ai suivi mon père
Bien plus vicié que moi, il t’aurait beaucoup plu !
Tu te crois tout puissant, te sens indestructible,
Aussi ma compassion te semble dérisoire,
Mais sois à l’agonie, trépassant, sans espoir,
Et tu verras combien elle est immarcescible
Compassion éternelle et qui ne peut faner ?
J’ai déjà corrompu bien plus pure que toi.
Laisse tomber ta foi, vois en moi le bon Roi
Qui t’ouvre son royaume, t’offre la panacée !
Je suis pure, en effet, mais opiniâtre aussi.
Et tu le dis toi-même, j’ai la foi en moi.
Une foi qui rempli tout mon être et qui croît
Chaque jour un peu plus. Je ne peux être impie.
Tu me fuis, misérable et je n’ai plus le choix.
Tu m’as poussé à bout ENAMORA MAYLI !
Mes pouvoirs maléfiques tombent sur ta vie
Et l’emportent avec eux, vois ton chemin de croix !!!
Ô Dieu, je ne peux donner plus sans succomber.
Je sens se déliter le souffle de ma vie.
Je t’ai donné mon âme et tu l’as piétinée,
Laisse moi, maintenant, ta haine est assouvie.
Me voici, étendue aux portes de la mort,
Avec un trou immense où mon âme était sise.
Je péris mais je n'ai ni honte ni remords,
J'ai grand espoir qu'en lui, mes voeux se réalisent.
Je suis à nouveau seul face à mes convictions
Dans ma tour de Babel la fée a disparu.
Etait-elle réelle ? Etait-ce une illusion ?
Qu’importe mes tourments, moi Nitty j’ai vaincu !
Mais quel est donc ce goût, dans ma bouche, inconnu ?
Ce sentiment amer, je suis en perdition.
Me voilà à douter, m’envisager déchu…
Reprends-toi, Nom de Dieu ! Redeviens Pygmalion !!!