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L’autorail Trans-Quercinois de mon enfance.

#1
L’autorail de mon enfance :

Vous l’avez toutes et tous pris pour vous rendre à Cahors avec un changement obligatoire en gare de Capdenac!

Des trains pas comme les autres, la ligne trans-Quercynoise.

Le premier autorail que j’ai eu le «plaisir restreint» d’emprunter pour me rendre de la Madeleine à l’école primaire de Capdenac datait du secondaire. Il était pour l’époque très confortable, bien plus que celui d’antan à l’ensemble des wagons au sièges en bois tractés par une sacrée bête noire!
On n’échappe pas au progrès qui conduit au modernisme !
Il s’arrêtait à toutes les gares entre Capdenac et Cahors, il prenait son temps.
Le contrôleur à la voix rocailleuse des causses, portait des gants blancs et vous étiez en droit de ne pas lui présenter votre titre de transport si par un curieux hasard il ne les avait pas enfilés !
Par les grands froids d’hiver, comme celui de février 1956 où les températures durant tout le mois ont fait le yoyo entre moins 15 et moins 26 degrés, la chaleur fournie par le poêle à charbon à l’entrée des wagons et de l’autorail était appréciée par tous les voyageurs !
Il fallait beaucoup d’expérience et de doigté au conducteur de la petite rame dans les conditions climatiques extrêmes, pour s’arrêter face à la Gare !
En effet, le givre qui recouvrait les rails ne facilitait pas la manœuvre et s'en suivaient alors des glissades spectaculaires sur plus de trois cents mètres!
L’été en revanche nous profitions des larges baies vitrées coulissantes pour nous rafraîchir et cheveux au vent, nous respirions à pleins poumons l’air aux effluves campagnardes gratuites et généreuses.
Il était bien entendu recommandé de ne pas se pencher vers l’extérieur, à l’intérieur des frais tunnels aux parfums de cave enfumées indescriptibles, une bête noire pouvant surgir à contresens à tout moment.
C’était donc un havre de paix paradisiaque en déplacement sur une des voies les plus pittoresques de notre belle région.
Et comble du luxe ambiant les toilettes se présentaient sur leur plus belle face, avec un simple verrou coulissant qui garantissait l’intimité, et une vue imprenable sur les poutres qui défilaient à grande vitesse, l’ensemble harmonieusement cadencé à la manière d’un métronome par les intervalles de dilatation des rails.
Le Lot aux majestueuses boucles et aux couleurs changeantes se montrait toujours généreux pour le plaisir de nos yeux.
La nature apporte cet enchantement et est inimitable, de reliefs en reliefs de villages en villages pittoresques classés, le film était passionnant et à la portée de toutes les bourses, tout s’animait dans les champs les collines et dans les prés, c’était vachement beau!
Déjà la publicité entrait dans les habitudes et sur un grand tableau, il était écrit sous une photo représentant un homme rustre un litron de vin au pur sang seigneurial à la main :
«Travailleurs, pour votre santé buvez au moins une bouteille de vin rouge tous les jours!».
Certains, en bons catholiques appliquaient cette recommandation à la lettre, et ne sachant pas très bien compter, dépassaient souvent la dose prescrite!
Les voyageurs sobres s’en apercevaient au départ du train du soir.
Il faut dire que l’euphorie pléthorique du peuple vers la médecine n’avait encore pas commencé!
Il existait trois classes, histoire de ne pas mélanger la vraie pauvreté à un semblant de de richesse.
Les sièges en bois étaient relativement confortables et à la portée de toutes les bourses et chose miraculeuse riches et pauvres arrivaient tous à la même heure en gare de destination, une vraie justice à la clé sur ce parcours de soixante cinq kilomètres , distance entre les deux villes principales de la trans-quercynoise.
Toutes les petites gares avaient leur chef, cela permettait d’employer beaucoup
de personnes du terroir, les barrières aux grandes manivelles, elles aussi étaient occupées, toute cette vie qui s’agitait au moindre son d’un convoi en approche, a disparu aujourd’hui depuis longtemps, le mot chômage en ce temps pas si éloigné n’existait pas encore!
Si! Si!…je vous demande de me croire!
Mais l’heure n’est pas aux remords même si la voie a disparu depuis belle lurette, recouverte d’un épais linceul végétatif aux racines profondes et aux ramifications tentaculaires indestructibles!
Longtemps on a cru à la remise en vie de ce parcours mythique et qui un jour appartiendra au monde des légendes.
Ah!…Si les anciens revenaient ils n’en reviendraient pas, et ils se demanderaient avec anxiété du côté de l’aiguillage du Soulier, ce qu’est devenu le fameux décrochement qui un long instant laissait penser aux passagers que l’ensemble de la rame allait finir sa course où le lit du Lot lèche fraternellement les pieds de la cité gauloise d’Uxellodunum.
Le convoi peu de temps après s'engouffrait dans le long tunnel sous la cité antique, puis empruntait le pont Eiffel qui enjambe le Lot. Ce n'est pas sans un petit pincement au cœur, que nous entendions sous la marquise, une voix féminine bien connue de nous tous, alors s'élever ! Capdenac...Capdenac ! Teminus ! Tous les voyageurs descendent de voiture ! Direction Rodez premier quai première voie...direction Brive deuxième quai première voie et cela dans l'ambiance vaporeuse des impressionnantes bêtes noires en action. IMG_2574.png
 
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