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Les pensées célèbres, celles de la Vagabonde de la Poésie, les pensées Momoriciennes et les vôtres si le coeur vous en dit

La vie au port de la Madeleine pimentée par les caprices du Lot. Récit définitif!

C’était un ancien port à histoire plus ou moins tourmentée, à l’image de l’eau qui à ses pieds pouvait se montrer aussi calme et rassurante que celle d’un lac, puis sortir de son cours furieusement, en prenant des allures de torrent indomptable.
Nous étions habitués à ses humeurs changeantes, il faut dire que notre vie était étroitement liée au rythme de ce long serpent aux couleurs fuyantes et changeantes.
Il nous baignait d’une relative fraîcheur en période estivale, et nous enveloppait l’hiver d’un voile givrant qui noyait dans une torpeur inquiétante le paysage puis finissait par le faire totalement disparaître.
Le terrible froid du mois de février 1956 nous a permis d’assister à l’impensable, les deux rives étaient soudées l’une à l’autre et l’on pouvait pour la première fois éviter d’emprunter le pont pour se rendre chez nos plus proches voisins les aveyronnais.
Sur l’étang ,des cygnes sauvages surpris dans leur migration avaient jugé nécessaire de se poser afin de reprendre des forces. Dans une ronde infernale, ils ont réussi à maintenir une ligne de survie! Nous les gratifions d’une visite journalière et nous pouvions alors assister en contrepartie à la majestueuse danse de ces oiseaux sauvages. C’est avec une certaine tristesse que j’ai constaté juste avant la fin du redoux qu’ils avaient décidé de quitter leur rond de pèlerinage. J’étais pour la première fois de ma vie confronté à leur célèbre chant.
Mais la renaissance ne manque pas de charme. Le dégel favorisait la fonte des neiges en amont sur les hauteurs où le Lot prend sa source, elle cadençait ses caprices, il pouvait rapidement alors muter en un cours d’eau à la puissance dévastatrice.
Nous avions nos repères centenaires.Il s’agissait de marques tracées au burin et datées sur le mur attenant au portail d’entrée de la maison principale.
La très grande bâtisse avait été construite intelligemment, deux quais permettaient de couper la puissance phénoménale des eaux en créant un contre-courant aux eaux domptées ! Le chemin de halage et le débarcadère offraient une protection exceptionnelle, sur notre petite île, nous étions en sécurité.
Bien entendu, dès notre plus jeune enfance, notre éducation avait tourné autour d’un rite bien rôdé par rapport à cet espace fluctuant et par moments hostile ! Lorsque des pluies importantes survenaient, on surveillait méthodiquement l’évolution de la crue. Un simple bâton pouvait nous indiquer sa progression, et on avait repéré l’endroit exact où par un effet de vases communicants
la rivière allait se déverser dans l’étang. Très rapidement, nous étions isolés sur notre bout de terre, sans possibilité de quitter ce qui ressemblait de loin à un navire échoué! Heureusement, en bon lotois qui se respecte, une barque était en permanence à notre disposition. On profitait de la montée des eaux et de notre grande expérience de riverains pour l’amarrer à la rampe de l’escalier.
Parfois l’inondation devenait très inquiétante, au point de flirter avec le record établi en 1927. Les vaches dans la grange, racontait mon grand-père, avaient cette année- là les pis dans l’eau.
Semblable à un rouleau compresseur dans un grondement continuel impressionnant ,ce géant emportait tout sur son passage !
Une scène incroyable qui n’appartient pourtant pas au monde des légendes, raconte qu’un coq perché sur ce qui restait de son poulailler face au port est passé en poussant de puissants cocoricos. Le maître de la basse-cour à cet instant précis, se prenait-il pour le Roi du cours d’eau ? Le spectacle dans un défilé permanent était là! Sous nos yeux, depuis le balcon, nous avions une vue imprenable sur tout ce que pouvait charrier la bête emballée sur son tapis roulant ! Nous étions excités, on criait notre joie à la vision des arbres immenses déracinés qui parfois percutaient la pile centrale du pont dans un bruit de fin du monde! Des barques sans rameur, qui avaient fini par rompre leurs amarres victimes des remous incessants, donnaient du piment à ce décor surréaliste. Mieux encore ! Quelques flottaisons blêmes, personnes ou animaux, victimes de la vague soudaine descendaient tels des ballots de paille, en reculant, cela ne s’invente pas! Là, je fais une petite allusion au grand poète Arthur Rimbaud, qui l’écrit deux fois dans son merveilleux poème le Bateau Ivre!
Sonnait , ces jours-là , l’heure du grand nettoyage des berges. Aucun détritus n’échappait à ce monstre aux immenses tentacules bouillonnantes et rugissantes.
Je me souviens que du haut du balcon,je pissais entre les barreaux pour éviter que la décrue ne s’amorce , tant le scénario me comblait dans sa diversité.Mais vous le savez tous, les représentations aussi éblouissantes soient-elles , ont hélas une fin! On se rendait bien compte que la vision perdait en intensité émotionnelle.
De moins en moins d’objets s’offraient à nos yeux, il fallait se rendre à l’évidence le fleuve allait regagner sagement son lit.
C’est au moment du début de ce retranchement stratégique que mon grand-père , l’ancien légionnaire,a osé défier les éléments ! Il avait pris l’habitude de mettre son existence en danger ,et pour susciter en lui une montée d’adrénaline, il a relevé un défi fou, celui d’avoir le cœur de tenter la traversée du géant toujours en furie, sur la barque.
Imaginez un peu la puissance des eaux à cet instant !
Il ne faut pas tenter le diable dit-on ,pourtant Il l’a fait. Face aux remous violents qui s’enchaînaient, il a ramé avec puissance dans un travers dont il avait le secret, pour finalement trouver un espace plus calme sur l’autre rive. Il a réussi enfin à accoster sur une minuscule plage à deux cents mètres de la première chaussée éclusière, où des vagues aux crêtes vaporeuses de plus de trois mètres déferlent balayant tout sur leur passage!
Un exploit inconscient, je vous l’accorde, mais un nouvel acte héroïque qui prouvait que l’homme ne reculait devant rien!
Il nous est arrivé quand même de quitter le navire, invités par nos voisins les Delrieu qui habitaient une chaumière perchée sur la colline en face de chez nous.
La catastrophe du barrage de Fréjus était inscrite dans toutes les mémoires et nous avions en tête les images de ce dramatique événement. Celui de Sarrans ,en amont, pouvait lui aussi rompre à tous moments. L’histoire a pris la triste habitude se répéter , n’est-ce pas?
Alors enfin perchés sur ce nid d’aigle, nous pouvions surveiller la ferme sans le moindre risque et profiter d’un excellent repas de fête affectueusement préparé par nos amis.
Nous jouissions d’un point de vue imprenable sur notre port d’attache, où la vallée prenait pour la circonstance l’image d’un immense lac aux berges englouties! 767E15A9-CDCD-464C-87E9-B9A97ECDB490.png
 
Dernière édition:
Ne connaître dans son existence que les joies de l’art bâtir son œuvre autour d’un espace impersonnel qui découle uniquement de l’intelligence et non des passions personnelles permet d’éviter la vie.
 
Un bon récit c’est quoi?

Un récit harmonieux s’obtient au prix de gros efforts. Il faut éviter avec soin les assonances, les pronoms relatifs, les génitifs qui se commandent et s’enchevêtrent, mais aussi les répétitions de mots ou de même sonorités.
Le premier écueil à éviter pour l’harmonie d’un alexandrin ou d’une belle prose est bien celui de la monotonie.
Les effets de "coupe" dans la phrase ont une importance capitale, la fluidité du style en dépend.
Écrire demande un effort surhumain et je ne suis qu’un homme disait Gustave Flaubert !
Il avait raison !
Et encore je n’ai pas parlé de la concordance des temps, et bien entendu de l’orthographe et de la ponctuation.
Tout est lié à la limpidité des phrases et à la simplicité des mots qui les composent.
Les écrivains du 19 ème siècle l’avaient compris.
Je pense aussi que l’humour a sa place quel que soit le sujet qu’on aborde.
Mais là, il faut savoir jongler avec grande habileté, l’expérience aide beaucoup.
C’est en écrivant que l’on peut devenir un bon écrivain ou pas!
 
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