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Générations entre deux ombres

Polymnie2

Maître Poète
#1
Suite et fin​

Générations entre deux ombres

Les années se sont écoulées, comme la sève, s’égoutte.

Celle du cep, fort et encore vigoureux, circule au goutte à goutte, nourrit le fruit jusqu’à ce qu’il mûrisse.

Pierre a dix-sept ans, reste très proche de son Grand-père. Il habite encore la capitale, ses études lui permettant de vivre avec lui et ses parents, au grand bonheur de chacun.

Grand-Père, tel un fleuve tranquille poursuit son cours, amoncelle les ans. Soixante-dix-huit printemps ont vu défiler oh combien de changements en si peu d’années ! Toujours fidèle à lui-même, il garde sa philosophie innée.

« Dis, Grand-Papa, que préfères-tu : Les années passées ou le présent »?

« J’aurais préféré que tu m’interroges sur le futur, ma réponse aurait été plus « speed » comme vous dîtes tous » !

« NON Grand-papa ! Te mettre au diapason de tous ne te va pas du tout. Ce n’est pas toi ! J’aime, tu le sais, que tu t’étendes sur le sujet ».



« Puisque tu insistes » !

Joignant le geste à la parole, le voilà reprendre son mime, en moins rapide, mais aussi bien réfléchi, pour se lancer dans sa prose explicative parfaite :

« On ne peut les dissocier, ni du moins systématiquement les associer, tant de facteurs extérieurs entrent en jeu aujourd’hui ! Pour moi, elles sont longévité qui ne se mesure, s’égrène au-fur-et-à-mesure.

La vie se déroule tout en ruban incrusté de jours entrelacés, périodes qui vont du très coloré aux tons pastels.

Vois-tu, si tu ouvres le livre de ta vie, tu ne trouveras que le début de ton histoire car elle s’imprime, à ton insu, au fil des jours vécus. Tu te plais à les regarder, à te replonger dans ce récent passé.

Pour moi, c’est tout un dictionnaire qui s’éventre devant moi. Le début est caché par le poids de nombreuses pages qui le recouvrent et que je ne fouille plus ; je le connais par cœur. Seul, le présent est en éventail car la fin n’est pas vécue.

« Je suis entre deux ombres ».

l’une qui ne s’efface ; la préface. L’autre qui s’effrange, s’allonge toujours à devenir présent, et ce, jusqu’à la postface.

« Et maintenant, as-tu bien compris tes « couleurs » avec mes « tons » ?

« OUI, mais pour moi, cette image pour exemple, était bâclée. Elle manquait de piquant à mon goût ».

« Je le savais ; j’ai pris des raccourcis pour tester ta sensibilité ».

« Sache quand même, Grand-papa, que je n’ai fait aucun effort pour la pénétrer, car en deux mots tu es allé à l’essentiel. Je désirais, comme à l’habitude, une image à mes mesures, donc sur mesures. Tu sais combien je suis friand de tes expressions me touchant jusqu’à l’âme.

Ce plus que tu m’as donné par le deuxième exemple m’a à nouveau comblé. La saveur est différente de l’exemple précédent mais est bien supérieure ».


« Je suis entre deux ombres ».

l’une qui ne s’efface ; la préface. L’autre qui s’effrange, s’allonge toujours à devenir présent, et ce, jusqu’à la postface.

Ce dictionnaire est particulier. C’est toi qui détiens la table des matières dont tu gardes fidèlement les indexes ».

« Ah ! Je comprends » !

« Tu comprends quoi » ?

« Et bien, « l’agenda » ! Tu m’as dit, il y a….. quatre ans : « En toi, mon agenda » !

«Donc, tu n’avais pas tout assimilé » ?

« Ce n’était pas le moment pour te questionner ; et puis, je savais que tu y reviendrais ».



Sur le visage du Grand-père, un sourire se dessine, sans se prononcer tout à fait, mais se réfléchit dans son regard ; elle insinue une pensée muette, conquérante,
qui pourrait bien dire : « Je savais que je devais-y revenir ! »


« BIEN ! Je continue ».

Pour me suivre dans mes appréciations, il faut avoir vécu toute une vie.

Toi, tu es à l’âge où l’ombre du passé reste figée. C’est toi qui l’interpelle – passé/présent ne font qu’un.

Quand ton esprit ne verra que des ombres éternelles tu découvriras, tout comme moi, la beauté de la vie dans son déclin.

Ecoute bien !

Il y a des ombres qui ne gênent en rien car tu n’en fais la découverte que lorsqu’un passé, de jours en jours, se dessine ; alors, là seulement, tu prends conscience que la vie se met en marche vers une ombre à l’horizon rampant.

Ma coupe est presque pleine sous l’immensité du ciel qui la remplit. Déborde le suc, pour ne pas l’appeler miel, ce nom si doux, si bon, provenant d’un beau labeur, je le garde pour plus tard car ce n’est pas encore l’heure ».

« Tu m’expliqueras Grand-Papa ? »

« OUI, et sans regarder ma montre !».
 
#4
Merci Poly pour cet hommage à ton et tous les grands-pères
Cela m'a refait penser à Papy
Toutes les expériences font que nous découvrons la sagesse de jour en jour
Mon père ayant atteint la soixantaine est devenu un Superpapi pour Mathis
J'espère le devenir aussi en temps voulu
Pour l'instant seulement papa, Mr M m'en apprend et me fait réapprendre la vie tous les jours
Comme tu l'as dit, difficile, le temps au temps
Difficile de séparer le passé du présent et comment ne pas penser au futur ?
Je n'ai pas lu les deux précédents écrits mais vais le faire
En tout cas magnifique et que de sentiments
Bises
Fred
 

Polymnie2

Maître Poète
#5
Merci Fred pour le chaleureux message que voici,
car lorsqu'une réalité sort d'un écrit
pensé, pesé, on ne peut que s'y arrêter!

Bises à toi, Lucie et Mathis, de Poly
 

Philaly

Maître Poète
#7
Cette relation est privilégiée pour le grand papy et Pierre.
Elle s'est construite au fil du temps, s'est fortifiée et agrandie.
Seule une grande ouverture d'esprit associé à une grandeur d'âme peut la rendre possible.
Ce texte est une pure merveille.
Bises
 

Polymnie2

Maître Poète
#9
Cette relation est privilégiée pour le grand papy et Pierre.
Elle s'est construite au fil du temps, s'est fortifiée et agrandie.
Seule une grande ouverture d'esprit associé à une grandeur d'âme peut la rendre possible.
Ce texte est une pure merveille.
Bises
Heureusement que les sentiments existent
la seule soif d'aimer!
Merci à toi Philaly, bises Poly
 

Polymnie2

Maître Poète
#10
Bonjour Poly,

J'ai refais certains chemins en te lisant, merci ...
Les images ont défilé, évoquant l'héritage émotionnel entre deux générations
Magnifiques instants d'amour, tes vers me font écho

Merveilleux dimanche

Bises amicales

Paule
Merci Paule, le fil d'Ariane fat son chemin
entre générations, puisé dans les racines!
Un champ d'amour fait le chant d'un long cours!

Bises, Poly